Sommet de Dakar 30 milliards pour la souveraineté alimentaire de l'Afrique
Les pays africains veulent rendre leur chaîne agroalimentaire compétitive sur la scène mondiale. Un ensemble de pactes ambitieux a été présenté lors d’un sommet sur la souveraineté alimentaire à Dakar, du 25 au 27 janvier 2023. Plusieurs partenaires financiers, dont la Banque africaine de développement, ont promis pour l’occasion un soutien de 30 milliards de dollars.
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L’Afrique possède « 65 % des terres arables non cultivées de la planète », a mis en avant Akinwumi Adesina, le président de la Banque africaine de développement (Bad), le 25 janvier 2023, lors du sommet de Dakar, qui s'est tenu du 25 au 27 janvier. Un potentiel largement sous-exploité, compte tenu de la dépendance du continent aux importations, estimées à « plus de 100 millions de tonnes de nourriture, pour une valeur de 75 milliards de dollars par an », selon lui.
Après une première édition en 2015, Dakar a accueilli de nouveau un sommet panafricain sur le thème : « Nourrir l'Afrique : souveraineté alimentaire et résilience ». Coorganisé par le Sénégal, l’Union africaine (1) et la Bad, l’événement a rassemblé une centaine de représentants de pays africains autour de plans d’action nationaux pour développer la production agroalimentaire africaine.
Un secteur agricole compétitif
Plusieurs pays ont pu partager leurs expériences réussies pour transformer l’agriculture. Le président de la République démocratique du Congo, Félix Tsishekedi, a ainsi annoncé un budget agricole doublé entre 2022 et 2023, un soutien massif aux productions stratégiques nationales comme le manioc, ingrédient de base pour remplacer le blé d’importation, et le soja, pour alimenter le bétail. Le pays ambitionne une « revanche du sol sur le sous-sol », répète Félix Tsishekedi. Il s'agit d'aboutir à un secteur agricole au moins aussi compétitif que le secteur minier, première source de PIB du pays.
Pas en reste, d’autres pays comme le Burundi, la Centrafrique, les Comores, le Gabon ou le Maroc ont mis en avant leurs politiques de soutien financier aux filières locales, de subvention des intrants, d’accompagnement des jeunes agriculteurs et agricultrices, etc.
Un pacte pour l’alimentation et l’agriculture par pays
La Bad a évalué les besoins en financements du continent africain de 27 à 65 milliards de dollars par an pour ne plus dépendre des importations de produits alimentaires. Un levier financier qui doit alimenter tous les secteurs économiques. « La technologie à elle seule ne suffit pas. Nous avons également besoin d'infrastructures, de routes, d'énergie, de stockage, d'irrigation. Nous avons besoin des marchés, de l'industrie alimentaire, de politiques de soutien et de financement… » a remarqué le président de la Bad. À cette fin, il s’est engagé à soutenir financièrement la souveraineté alimentaire à hauteur de 10 milliards de dollars sur 5 ans, en complément des 20 milliards promis par d’autres partenaires financiers. « L'agriculture doit devenir le nouveau pétrole de l'Afrique », enjoint-il.
Objectif "faim zéro"
Cet appui s’articule autour de pactes nationaux pour l’alimentation et l’agriculture, destinés à assurer l’autosuffisance et la sécurité alimentaire du continent, atteindre l’objectif "faim zéro" préconisé par l’ONU et « devenir le principal pourvoyeur de denrées alimentaires pour elle-même et pour le reste du monde », selon Akinwumi Adesina.
Les États signataires s’engagent à lancer des programmes logistiques à grande échelle, développer la production, la transformation locale ou les technologies de pointe résilientes au climat, créer des marchés et des pôles agro-industriels compétitifs et inciter les financements publics privés.
Le président de la commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, a déclaré que le sommet de Dakar « arrivait à point nommé », appelant les États membres à collaborer au sein des structures existantes, telles que l’Agenda 2063 (stratégie panafricaine de croissance économique et de développement) et la Zone de libre-échange continentale africaine en cours de construction (ZLECA).
(1) Organisation rassemblant l’ensemble des pays du continent africain avec Madagascar.
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